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| Le Film Noir | |
| | Auteur | Message |
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L'Gé Invité
| Sujet: Le Film Noir Lun 11 Déc 2006 - 12:14 | |
| (petit "dossier" fait à l'aide du magnifique bouquin de Patrick Brion)
D’abord, c’est quoi un « Film Noir » ?
C’est avant tout une période du cinéma américain (presque exclusivement), celle de la fin des années 30 et des années 40, qui verra l’avant-guerre, la guerre, le retour des combattants et le début de la guerre froide. Le « film noir » a emprunté au film de gangsters, au film psychologique, au film de détective. Il s’en est créé une richesse telle que ça en est devenu un genre très affirmé mais assez difficile à délimiter.
La naissance du film noir, à la fin des années trente est directement liée à la situation économique et sociale de l’Amérique. Le « New Deal » de Roosevelt (après la crise de 29) ne résout pas tout et, partout, des grèves très dures se propagent : les dockers, la sidérurgie, etc…Les films sont alors teintés de réalisme social et de drame psychologique. Les spectateurs vont beaucoup au cinéma et voient sur l’écran des héros qui leur ressemblent. Puis, l’après-guerre fascinant, avec ses vétérans « trahis », choqués et déçus, qui voient que leur pays a appris à vivre sans eux, avec ses barrières sociales et raciales qui se sont effacées à Salerno ou à Iwo Jima, sera la source d’œuvres courageuses, antiracistes, dérangeantes.
On renonce souvent à tourner en studio pour filmer en pleine rue. La corruption et l’injustice sont dénoncées. Ces prises de position vont bientôt provoquer la virulente « chasse aux sorcières qu’on connaît »…
Il est à noter que "Le film noir" a été le terrain de prédilection des « émigrés » d'Hollywood, autrichiens et allemands surtout (Fritz Lang, Robert Siodmak, Billy Wilder, Otto Preminger, etc), mais aussi anglais (Hitchcock), hongrois (Michael Curtiz). Se coltiner à un genre a toujours été la meilleur façon de débuter pour un cinéaste. Surtout si ce genre est nouveau, intéressant et en construction. L’influence européenne a été capitale pour le style du « film noir ». La photographie jouant sur les zones d’ombre et le noir et blanc (alors même que le technicolor, celui « d’Autant en Emporte le vent », triomphe partout), jusqu’à la réminiscence du « dogme » de l’expressionisme allemand : ruelles mal éclairées, docks menaçants, cliniques, asiles, autant de lieux où tout peut arriver … la nuit !.
Dans ce monde crépusculaire (brrr), les parias se retrouvent pour faire un casse, les "damnés de la terre" cherchent à échapper à leur destin, et les femmes se préparent à la mort de leur mari, L’identification entre le héros et le spectateur atteint des sommets. Delmer Dalves (Les passagers de la Nuit) et Robert Montgomery (La dame du lac) iront jusqu’à utiliser le procédé de la caméra subjective.
1946 sera une année exceptionnelle pour le « Film noir » : "Gilda", "Le facteur sonne toujours deux fois", "le Dahlia bleu", "L’impasse tragique", "Les Tueurs", "Le grand sommeil". Tous les studios, de la 20th Century Fox à la Warner, de la RKO à la MGM, produiront des « films noirs », soit comme série B, soit même en tant qu’œuvre dite "prestigieuse".
L’apparition de Lana Turner dans le « Facteur sonne toujours deux fois », la danse de Rita Hayworth dans « Gilda », l’homosexualité latente du même film, l’insolence des rapports entre Bogart et Bacall dans « Le grand sommeil », la mort de Marilyn Monroe dans « Niagara », le portrait de « Laura », sont quelques-unes des images fortes de l’age d’or du « film noir » qui nous resteront à jamais... |
| | | L'Gé Invité
| Sujet: Re: Le Film Noir Lun 11 Déc 2006 - 12:25 | |
| Voyons maintenant quelques-uns de ces « films noirs » : « High Sierra » (La grande évasion) – 1941, Raoul Walsh
Après 8 années de prison, Roy Earle (Bogart) est libéré, grâce à l’intervention d’un gangster. Roy accepte, en reconnaissance, de travailler pour lui,e t part pour la Californie. En cours de route, il rencontre une famille est se prend d’affection pour la petite Velma, atteinte d’une difformité au pied. Il demande l’aide d’un médecin pour tenter de la guérir. En Californie, il retrouve ses futurs complices pour un casse, ainsi qu’une « entraîneuse », Marie (Ida Lupino), qu’il déteste d’abord, mais dont il tombe vite amoureux. Le casse foire : inexpérimenté, les deux complices meurent. Il s’enfuit, retrouve Velma, qui, guérie, n’a manifestement plus besoin de lui. Traqué, il s’enfuit avec Marie. Il poursuit seul l’ascension d’une montagne et meurt, abattu par un tireur d’élite.Bogart campe superbement un homme traqué, bon et juste, condamné au « crime », mais technicien de cet « art », qui n’a rien à voir avec l’image violente que la presse et la police donnent de lui. La fin est (comme souvent dans le « film noir ») un moment très fort. Roy a été abattu. S’engage alors un dialogue bouleversant entre Marie et un journaliste, accouru sur place. De mémoire … Le journaliste : « LE caid ! Eh bien eh bien, regardez-le à terre maintenant LE caid. Il n’est PLUS RIEN ! » Marie : « Monsieur, qu’est-ce que ça signifie quand un homme s’évade ? » Le journaliste : « Drôle de question ! Ben … ça signifie qu’il est libre ! » Marie : « LIBRE ? … Libre ! »Le film se termine sur ce mot. « The Maltese falcon » (Le faucon maltais) – 1941, John Huston
Sam Spade (Bogart) dirige une agence de détective privé à San Francsico. Son collègue, Miles Archer, est assassiné alors qu’il recherche une femme disparue. La sœur de la disparue, Brigid (Mary Astor) met Sam sur une piste. Mais, Thursby, l’homme avec lequel elle a disparue et retrouvé assassiné. En même temps, Joel Cairo (Peter Lorre) demande à Sam de retrouver une statuette représentant un faucon. La police suspecte Sam d’avoir tuer son coéquipier. Un certain Gutman (Sidney Greenstreet) rentre en contact à son tout avec Sam : il veut récupérer le faucon à tout prix. Puis, un vieux capitaine (Walter Huston) vient mourir au bureau de Sam, avec le faucon, qu’il dépose aussitôt à une consigne. Il essaye de le négocier avec Gutman, mais c’est un faux. Sam découvre que l’homme de main de Gutman et l’assassin de Thursby et du vieux capitaine, et que Brigid, elle, a tué son coéquipier. Il les livre à la police.On voit que le scénario n’est pas la qualité première du film. Sa qualité première c’est : le style. Le film est entièrement vu du point de vue de Sam Spade. On n’en sait jamais plus que lui. Tous les autres personnages ne sont introduits que lorsqu’il les rencontre. Chaque scène est montrée comme si elle était la plus importante du film. Tout en respectant la trame de Hammett, Huston joue beaucoup sur les relations ambiguës entre les personnages, ce qui rajoute énormément à l’intrigue et la rend sublime. Il faut noter aussi la « sécheresse » de Sam Spade, tombeur de ces dames, de Brigid en particulier, mais qui n’hésite pas à la livrer à la police. Les deux derniers dialogues du film sont devenus légendaires (surtout la dernière phrase). Sam : All we've got is that maybe you love me and maybe I love you. Brigid :You know whether you love me or not. Sam : Maybe I do. I'll have some rotten nights after I've sent you over, but that'll pass. … Detective : [il prend le faucon en main] Heavy. What is it? Sam : It’s the stuff that dreams are made of.
Laura –1944, Otto Preminger
Qui a tué Laura (Gene Tierney), une ravissante jeune femme qui doit sa notoriété au chroniqueur Waldo Lydecker (Clifton Webb) ? L’inspecteur Mark Mac Pherson mène l’enquête. Il comprend bien vite que Lydecker considère Laura comme « sa chose ». Au fur et à mesure de ses investigations, Mark est de plus en plus fasciné par la personnalité de Laura. Il est particulièrement subjugué par le grand portrait qui représente la jeune femme. Alors qu’il se trouve assoupi devant le tableau, Laura apparaît. Ce n’est pas elle qui a été tuée mais une autre jeune femme confondue avec Laura. Qui est le meurtrier ? Laura, elle-même est soupçonnée, maintenant. Mais, Mark comprend bientôt que l’assassin est Waldo. Celui-ci tente encore une fois de tuer Laura, mais mark intervient in extremis. Waldo est tué.Tout comme « Casablanca », « Laura » a vécu beaucoup de vicissitudes avant d’être reconnu comme un « film parfait » ! Zanuck, le producteur, ne voulait pas de Preminger. Preminger voulait Gene Tierney et Clifton Webb. Zanuck cherchait à imposer Jennifer Jones. Rouben Mamoulian est embauché à la place de Preminger. Mais après quelques jours de tournage, Zanuck rappelle Preminger…. etc etc La phrase inoubliable est prononcée ce coup-ci au tout début du film par Waldo : « I shall never forget this week-end, the week-end Laura died ». Elle nous plonge immédiatement dans un univers de mystère, d’inquiétude et de passion. Le portrait de Laura est aussi une des stars du film (la rumeur dit qu’il a été peint par la femme de Mamoulian … d’autres disent que c’est une simple photographie retouchée). Superbement construit, le film mise sur la fascination et l’envoûtement. La fascination du pygmalion pour sa chose, l'envoûtement du détective, de plus en plus hanté par la jeune femme. C’est sous ce tableau que Waldo mourra à la fin, assurant Laura de son amour. « Gilda » -1946, Charles Vidor
Nous sommes à Buenos Aires. Johnny Farrel (Glenn Ford), au casino, gagne une forte somme d’argent avec des dés pipés. Alors qu’une des victimes cherche à se venger, il est sauvé par l’intervention de Mundson (George McReady) qui lui donne un poste de confiance dans sa maison de jeu. Mundson s’absente peu de temps après et revient avec celle qu’il vient d’épouser, Gilda (Rita Hayworth). Johnny la connaît : ils furent mariés. Ils se haïssent disent-ils (voir les délicieux dialogues ci-dessous), mais sont toujours épris l’un de l’autre. Mundson est en réalité un gangster appartenant à un cartel allemand. Il tue un homme de main allemand, surprend Johnny et Gilda et s’enfuit. Son avion s’écrase. Johnny succède à Mundson à la tête de l’affaire et épouse Gilda. Mais il se refuse à elle et Gilda part. Ils finissent pourtant par se retrouver au moment même où Mundson réapparait. Il est décidé à les tuer mais il meurt victime de sa propre canne-épée. Gilda et Johnny pourront enfin vivre ensemble.Quelques dialogues de haines ... non ! d’amour : Johnny : I hated her so I couldn't get her out of my mind for a minute.
Gilda: If you're worried about Johnny Farrell, don't be. I hate him! Mundson: And he hates you. That's very apparent. But hate can be a very exciting emotion. Very exciting. Haven't you noticed that?
Gilda: You do hate me, don't you, Johnny? Johnny: I don't think you have any idea of how much. Gilda:Hate is a very exciting emotion. Haven't you noticed? Very exciting. I hate you too, Johnny. I hate you so much I think I'm going to die from it. Darling... [Ils s’embrassent] Gilda: I think I'm going to die from it.
La plus célèbre scène est le « strip-tease » de Gilda sur « Put the blame on Mame ». Rita Hayworth y est resplendissante et séductrice, sa robe noire éblouissante et sexy. Elle enlève ses longs gants noirs, puis son collier. Elle jette sa chevelure en arrière, provocante, sachant que Johnny est là, au milieu de la foule. Et elle chante : Put the blame on Mame, boys Put the Blame on Mame
Remember the Earthquake in San Francisco in 1896 They said that Old Mother Nature was up to her old tricks That’s the story that went around
Put the blame on Mame, boys Put the Blame on Mame
Remember the fire in ’92 that burned Chicago Town
Put the blame on Mame, boys Put the blame on Mame
Non seulement la relation Gilda-Johnny est sulfureuse, mais aussi celle, basée sur une mutuelle fascination, entre Johnny et Mundson. Johnny la brute et Mundson l’homme raffiné. Mais Johnny a été le premier pour Gilda. D’où l’affrontement inévitable. A suivreuh ?
Dernière édition par le Lun 11 Déc 2006 - 18:36, édité 2 fois |
| | | duchesse Invité
| Sujet: Re: Le Film Noir Lun 11 Déc 2006 - 12:28 | |
| - L'Gé a écrit:
-
D’abord, c’est quoi un « Film Noir » ?
Merci L'Gé, ça fait du bien! Rita, la plus belle. |
| | | clomani Invité
| | | | L'Gé Invité
| Sujet: Re: Le Film Noir Lun 11 Déc 2006 - 13:05 | |
| - clomani a écrit:
- Voilà des vraies "stars"... Je trouve que le cinéma américain ne "produit" plus des stars de cette trempe... et j'ai tendance à toutes les mélanger... je sais, je fais ma Clomami, d'autant que je vais rarement voir des films amèresloques... Ch'ais pas moi, elles avaient sacrément plus de "chien", dans l'temps
La plupart des stars d'aujourd'hui est ailleurs ! |
| | | nakata Modérateur
Nombre de messages : 3633 Localisation : Marie-George Buffet Land Date d'inscription : 28/09/2006
| Sujet: Re: Le Film Noir Lun 11 Déc 2006 - 13:08 | |
| ... au far east notamment. | |
| | | mariep
Nombre de messages : 2266 Date d'inscription : 01/10/2006
| Sujet: Re: Le Film Noir Lun 11 Déc 2006 - 13:18 | |
| - clomani a écrit:
- duchesse a écrit:
- L'Gé a écrit:
-
D’abord, c’est quoi un « Film Noir » ?
Merci L'Gé, ça fait du bien! Rita, la plus belle. Voilà des vraies "stars"... Je trouve que le cinéma américain ne "produit" plus des stars de cette trempe... et j'ai tendance à toutes les mélanger... je sais, je fais ma Clomami, d'autant que je vais rarement voir des films amèresloques... Ch'ais pas moi, elles avaient sacrément plus de "chien", dans l'temps C'était les coiffures, les robes, le corsetage, les stileto , le N et B de l'époque qui aidaient aussi beaucoup à l'allure, la présence, au "chien"... Depuis, les "stars" ont suivi la voie qu'avait ouverte katherine Haudburn ( zut, chais plus comment ça s'ecrit) et puis le nombre......, il faut alimenter le nombre de film réalisés, donc il faut surmultiplier le nombre d' actrices, d'où l'effet de flou, de mélange.... auxquel s'ajoute l'implosion des images non controlés ou beaucoup moins controlés que par les studios d'antan pour leurs icones dans les magazines.... Elles nous "ressemblent" , clomani, les actrices aujourd'hui, metier, famille, des fois classe, des fois au naturel, des fois pas trop top, des fois de bon choix de film ,des fois des daudes pour payer la baraque à Hollywood.... C'est juste différent, ça se reformule autrement.... Elles sont sans doute même, bien meilleur actrice aujourd'hui avec une gamme , une etendue , un subtilité de jeu bien plus grande, une prise de risque à parfois ne pas être belle, glamour plus intéressante. Des femmes, pas des icones quoi. | |
| | | L'Gé Invité
| Sujet: Re: Le Film Noir Lun 11 Déc 2006 - 13:47 | |
| Deux choses en plus, importantes je crois : - une star est star d'un système qui est "hype" - le cinéma était un succés colossal, grandissant, et mondial dans les années trente à cinquante (en tout cas le cinéma d'Hollywood)... ce n'est plus le cas maintenant - il faut du temps pour faire une star - Katharine Hepburn a renouvellé le statut de star féminine, c'est vrai, mais elle a d'abord été trés critiquée ("homasse", "tas d'os", 'casse-cou sans classe"), avant de, finalement, s'imposer Dans le cinéma actuel, il y a comme un cercle vicieux : le gateau étant plus petit, chacun veut s'imposer comme ayant trouvé la dernière star, et donc contribue à réduire en morceaux la gateau... |
| | | billbaroud35
Nombre de messages : 3718 Age : 50 Localisation : par des temps incertains... Date d'inscription : 28/09/2006
| Sujet: Re: Le Film Noir Lun 11 Déc 2006 - 15:42 | |
| et une star ne devient pas star du jour au lendemain, or dans notre société kleenex, on surexpose et on passe tout de suite à autre chose et on est gavés de superlatifs...du coup tout est nivellé par le bas et on ne voit que des people... | |
| | | nulnul7 Modérateur
Nombre de messages : 1414 Age : 56 Localisation : Plane et erre Date d'inscription : 28/09/2006
| Sujet: Re: Le Film Noir Mar 12 Déc 2006 - 0:21 | |
| Si "Star" doit être associé à glamour, c'est sur, on va avoir du mal aujourd'hui. Ce cinéma n'existe plus et de fait, ses stars dito. Ca paraît simplement logique. Autres temps, autres stars. | |
| | | L'Gé Invité
| Sujet: Re: Le Film Noir Mar 12 Déc 2006 - 10:22 | |
| La suite ... « The postman always rings twice » (Le facteur sonne toujours deux fois) – 1946, Tay Garnett
Frank Chambers (John Garfield), qui fait de l’auto-stop, s’arrête dans une station-service, où on cherche un employé. Le patron, Nick, engage Frank, qui est subjugué par la beauté de Cora (Lana Turner), sa femme. Cora et Frank sont vite attirés l’un vers l’autre et font mine de partir ensemble. Ils renoncent à leur projet avant que Nick ne le découvre. Cora persuade Frank que la meilleure solution est de se débarrasser de Nick. Un première tentative échoue. Frank veut partir, mais Nick, rétabli de son accident, incite Frank à rester, car il veut lui vendre le café-station-service. Cora et Frank déceident alors d’une nouvelle tentative et assomment Nick dans leur voiture. Nouvel échec. Ils font croire à un nouvel accident. Nick souscrit alors une assurance. Le procureur soupçonne les amants et parvient à faire signer à Frank une déposition qui accuse Cora. Celle-ci accuse à son tour Frank de complicité. Leurs avocats arrivent à un compromis et ils sont libérés. Ils se marient. Se déchirent. C’est alors qu’ils sont victimes d’un accident. Cora trouve la mort, Frank est accusé de meurtre et condamné à mort.Voix off : « c’était sur une route prés de Los Angeles. Je faisais du stop de San Francisco à San Diego je crois … »En quelques minutes, le drame est noué : un petit café station-service isolé, un mari trop vieux, une épouse trop belle et l’écriteau « man wanted ». Et l’apparition de Cora !? … wouah !! Frank voit d’abord rouler par-terre un tube de rouge à lèvres et son regard remonte, découvre les jambes, le short, le chemisier, le visage, les chevaux blond platine. Tout le long du film, Lana Turner est habillée de blanc. Ce qui contraste avec la lourde atmosphère criminelle du film. James Cain, l’auteur du roman, a toujours dit que Lana Turner avait été une Cora parfaite, pas totalement mauvaise, pas conventionnelle du tout. En fait, Cora et Frank sont complètement manipulés, victimes des règles d’une société qui les lamine. Ce film est le parfait exemple de l’érotisme hollywoodien au temps du code Hays, et en démontre, après-coup, la parfaite stupidité. « The Big sleep » (Le grand sommeil) – 1946, Howard Hawks
C’est une gageure de raconter l’histoire de « The big sleep »…Bon, essayons. Le vieux général Sternwood charge le détective privé Philip Marlowe (Bogart) de s’occuper d’un chantage dont il est victime de la part d’Arthur Geiger qui posséderait des photos compromettantes de la plus jeune de ses filles, Carmen (Martha Vickers). Marlowe retrouve Geiger assassiné, et Carmen auprès de lui. Il la ramène chez elle. Le chauffeur de Sternwood est retrouvé mort. Etait-il l’amant de Carmen ? a-t-il alors tué Geiger ? Un autre homme, Brody, tente à son tour d’utiliser les photos, cett-fois pour faire chanter Vivian (Lauren Bacall), la sœur ainèe de Carmen. Mais il est tué par un ami de Geiger, Lundgren, persuadé que Brody est responsable de la mort de Geiger. Marlowe arrête Lundgren et le remet à la police. Marlowe se demande ce qui est arrivé à Regan, qu’il connaît, qui travaille pour Sternwood, et qui serait parti avec Mona, la femme de Mars. Il obtient une information d’un certain Jones, mais celui-ci meurt empoisonné sous ses yeux. C’est Camino, l’homme de main de Mars qui a fait le coup. Marlowe retrouve Mona, se débarrasse de Camino, et comprend que Mars a tué Regan et avait convaincu Vivian que Carmen était sa complice (ouf !). Marlowe force Mars à quitter la maison où ils s’étaient donnés rendez-vous. Mars est alors abattu par ses propres hommes. Vivian et Marlowe se déclarent leur amour, et entendent la police arriver….Comme dans « To have and have not » (le port de l’angoisse), c’est la réunion Hawks – Bogart - Bacall qui fait de ce film un exceptionnel chef-d’œuvre. Chandler avait déjà écrit le Grand sommeil à partir de plusieurs nouvelles qu’il avait écrites précédemment. Ceci est à l’origine de zones d’ombre, encore plus évidentes dans le film. Les 3 scénaristes (dont Faulkner et Leigh Brackett, la compagne de Dashiell Hammett, elle-même auteure) et Hawks s’en moquaient visiblement. L’assassinat du chauffeur est symptomatique de cet état d’esprit. Bogart voulait savoir qui en était l’auteur. Il demanda alors à Hawks. Hawks demanda à Faulkner qui ne savait pas non plus. Hawks s’adressa alors directement à Chandler. Qui lui répond que c’était George. Hawks lui répond que ça ne peut pas être lui, car il est descendu à la plage à ce moment-là. Alors Chandler renvoie le message suivant : "dans ce cas, je ne sais pas non plus". L’idée principale n’était pas d’essayer de tout expliquer (admettons que c’est souvent laborieux et ennuyeux !). L’idée principale, une fois, encore était de faire de chaque scène, une scène exceptionnelle. Il y a même, chose très rare, des scènes « inutiles », comme celle, très belle et magnifiquement dialoguée, où Marlowe est séduit par une jeune libraire, interprétée par la très belle Dorothy Malone. C’est juste après ce film qu’un des couples les plus célèbres d’Hollywood se maria : Bogart épousa Bacall ... avant que le film ne sorte. La Warner décida alors de profiter de cette notoriété et de modifier la montage pour développer le personnage de Vivian et ses relations avec Marlowe. Certaines scènes complémentaires furent tournées. Et le charme de ces scènes de charme, d’insolence, de conversation à double-sens, comme celle où ils commentent une course de chevaux, avec moult regards amusés qui se conclue par un réjouissant : [color=blue]« Tout dépend de celui qui monte »/color (encore une que qui a échappé au code Hays) A suivre : “Dark passage” (Les passagers de la nuit) – 1947, Delmer Daves "The lady from Shanghai” (La dame de Shanghai) – 1948, Orson Welles “Key Largo” – 1949, John Huston “White Heat” (L’enfer est à lui) – 1949, Raoul Walsh "Night and the city" (Les forbans de la nuit) – 1950, Jules Dassin "Gun Crazy" (Le démon des armes) – 1950, Joseph H. Lewis (tease, tease) |
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