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| Ségo et moi (quand j'me lache, j'me lache !) | |
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nakata Modérateur
Nombre de messages : 3633 Localisation : Marie-George Buffet Land Date d'inscription : 28/09/2006
| Sujet: Ségo et moi (quand j'me lache, j'me lache !) Mer 2 Mai 2007 - 17:47 | |
| (Texte en finition pour mon blog.)
Laissons juste un instant la logique froide, la rationnalité du débat politique. Là, j'ai envie de vous parler un petit peu de mon rapport personnel au phénomène Royal.
Dès le début, cette singularité de la vie politique s'est fondée sur une forte dose d'irrationnel, d'instinctif, d'inconscient collectif. Beaucoup d'entre nous, pourtant rationnalistes acharnés, n'ont pu éviter de développer un rapport principalement passionnel avec cette bête curieuse, difficile à cerner. Je fais partie de ceux-là.
Ça a commencé par un réaction assez forte de rejet. Je venais de vivre deux campagnes assez traumatisantes pour la gauche, avril 2002 et mai 2005. Deux moments où le PS s'était montré en complet décalage avec le peuple de gauche. Mon obsession, en 2006, c'était de pousser les socialistes à en finir avec les dérives libérales qui précarisaient des pans entiers de la société, qui distendaient le lien social, qui rendaient les injustices et les inégalités toujours plus criantes, jusqu'à alimenter toutes les rancoeurs et tous les replis identitaires. En sortant Royal de son chapeau, j'avais l'impression que le parti escamotait complètement cet enjeu-là, qu'il me volait le changement sur le fond par la surexposition d'un changement éclatant sur la forme. Colère.
Quand elle a été désignée candidate, je suis entré dans une phase de doute et d'errement politique. J'étais à la recherche d'un mouvement qui répondrait enfin au problème que je posais et que le PS n'avait pas voulu résoudre. Je n'ai pas trouvé. Je me suis bien intéressé aux débats chez les antilibéraux, par exemple, j'y ai vu des causes justes, mais beaucoup d'entropie et une incapacité dramatique à construire. Je suis rentré au bercail, la queue entre les jambes (pas de commentaire, petits vicieux).
Comme je n'attendais plus grand chose en terme de progrès, mon but a été de combattre les risques de régression. Je l'ai vue, cette régression, dans la haine revancharde des petits soldats du sarkozysme, éructant sur les "bourdes" de la candidate socialiste, cherchant à l'abattre sans attendre le débat de fond par des attaques personnes honteuses. Effrayant.
Je me suis donc mis naturellement, sans en avoir pris la décision à un moment donné, à militer pour celle que j'avais combattue. Le personnage prenait de la consistance, la coquille vide se remplissait d'idées et d'idéaux, malgré les coups adverses, et ça me plaisait.
J'ai mis du temps à m'approprier le phénomène Royal, si difficile à cerner. C'est pourquoi je suis resté, encore, sur un plan fortement pasionnel. J'ai ressenti du bonheur lorsque la candidate faisait preuve d'audace sur le logement social et la VIe république. J'ai trépigné quand elle bafouillait. Je me suis entousiasmé devant sa performance à l'émission "J'ai une question à vous poser". J'ai hurlé quand elle a ressorti son contrat premier machin, vers la fin de la campagne. J'ai failli me taper la tête contre les murs en entendant son discours poussif de 22 avril au soir.
Finalement j'ai l'impression qu'il s'est instauré une espèce de dialogue virtuel entre mes idées et ses paroles. Tout en restant critique, j'ai évolué, et, oui, finalement, je me suis un peu approprié une part de Royal. Je ne suis pas devenu un fan de la démocratie participative, mais j'ai retenu au moins une leçon : trop d'écoute vaut mieux que cette conception conflictuelle du pouvoir qui prévaut à l'UMP. Grâce à cette campagne, j'ai aussi appris à donner beaucoup plus d'importance à certains aspects de l'action politique, comme le soutien scolaire.
Ségo et moi ? Depuis le début, j'ai toujours refusé de l'appeler Ségolène. Je trouvais qu'il y avait finalement beaucoup de machisme, de paternalisme, chez les ségolâtres de la première heure qui l'appelaient par son prénom alors qu'ils n'en auraient jamais fait autant de Dominique, Laurent ou Lionel. Pour moi, c'était Royal, point. Alors bien sûr, je ne serai jamais ségoliste... Mais depuis le discours d'hier, j'ai la sensation de m'être suffisamment approprié le phénomène Royal, d'en être assez familier, pour pouvoir la nommer par son prénom. Ségolène. Ségo.
Parce que ce discours, c'est la preuve que les militants ne sont pas les seuls à avoir été changés par cette campagne. Hier, la médiocre oratrice des débuts a montré qu'elle avait acquis une autre stature. Une stature... d'homme d'Etat. Elle est enfin sortie de sa coquille. J'ai trouvé ça vraiment émouvant - comme quoi on ne sort pas du passionnel ! En particulier, sa mise en perspective historique du 1er mai sonnait plus vrai que les érucations démagogiques que Sarkozy veut faire passer pour des leçons d'histoire. Et celui qui avait eu le culot de citer Jaurès alors qu'il est lui-même le chef de file de la Réaction, a été mouché par la leçon de Ségo. Elle a eu raison de rappeler que nos acquis sociaux, des travailleurs sont morts pour nous les léguer. Elle a eu raison de dire qu'à chaque avancée sociale dans l'histoire, des bourgeois avaient prophétisé la faillite de la France et la paresse des ouvriers.
Elle a parfaitement bien montré qu'un vrai président n'oppose pas les Français les uns contre les autres, les productifs contre les "assistés", ceux qui se lèvent tôt et ceux qui travaillent de nuit, les libertins soixante-huitards et les porteurs de la tradition. Elle a bien montré que Sarkozy était le candidat du conflit, et qu'elle-même était la candidate de l'apaisement. Une candidate qui, si elle est élue, ne garantie ni le paradis sur Terre, ni le retour à un passé fantasmé, mais essaiera de favoriser le vivre-ensemble, la cohabitation de tous, un pays où tout le monde aurait sa place.
Jusqu'à présent, je pensais que Royal serait une présidente de transition en attendant mieux et en évitant le pire. Depuis hier, je me dis que Ségolène a l'envergure nécessaire pour occuper avec brio les fonctions de chef d'Etat, et représenter tous les Français sans distinction. Si les électeurs pouvaient avoir l'audace de faire le choix de l'ouverture, de l'innovation, et non du repli, dimanche prochain. Mais peut-être que je rêve, une fois de plus, inutilement... | |
| | | françois*
Nombre de messages : 1117 Age : 46 Localisation : A l'ouest mais pas complétement... Date d'inscription : 03/10/2006
| Sujet: Re: Ségo et moi (quand j'me lache, j'me lache !) Mer 2 Mai 2007 - 17:50 | |
| Je serais, je le sais d'avance, en désaccord profond avec les politiques Ségolenistes si elle venait à gouverner mais si elle parvient à nous sauver de Sarko, ça force le respect... | |
| | | L'Gé Invité
| Sujet: Re: Ségo et moi (quand j'me lache, j'me lache !) Mer 2 Mai 2007 - 18:07 | |
| Puis-je me permettre, juste pour le plaisir, de citer ce passage : - nakata a écrit:
- Elle a parfaitement bien montré qu'un vrai président n'oppose pas les Français les uns contre les autres, les productifs contre les "assistés", ceux qui se lèvent tôt et ceux qui travaillent de nuit, les libertins soixante-huitards et les porteurs de la tradition. Elle a bien montré que Sarkozy était le candidat du conflit, et qu'elle-même était la candidate de l'apaisement. Une candidate qui, si elle est élue, ne garantie ni le paradis sur Terre, ni le retour à un passé fantasmé, mais essaiera de favoriser le vivre-ensemble, la cohabitation de tous, un pays où tout le monde aurait sa place.
Pour Mr. Sarkozy la France semble être faite de descendants de Mr. Poujade. J'ai le regret (le plaisir) d'annoncer qu'elle est aussi faite de sans-papier, d'assistés, de descendants de soixanthuitards, et autres fautifs... Je veux voter pour tout le monde et non contre certains ! |
| | | françois*
Nombre de messages : 1117 Age : 46 Localisation : A l'ouest mais pas complétement... Date d'inscription : 03/10/2006
| Sujet: Re: Ségo et moi (quand j'me lache, j'me lache !) Mer 2 Mai 2007 - 18:13 | |
| Je n'étais pas pro ségolène. Maintenant, je voudrais attirer votre attention sur ce qui me paraît essentiel dans cette campagne et que personne n'évoque sur ce forum. . La république est un pacte entre la liberté individuelle et la solidarité sociale.Une, indivisible et laïque, dont les principes sont Liberté, égalité fraternité - liberté individuelle (pensée, croyance, indépendance de la presse, liberté d'association, suffrage universel etc...) - solidarité sociale (santé publique, sces publics, aides publiques) sous le concept de fraternité - égalité des droits et des chances (école publique) Grâce à ce pacte, un corps législatif et des sces publics rendent la loi supérieure au contrat individualisé. L'intérêt général doit primer sur l'intérêt particulier. Les alternances se supportent, s'acceptent parce qu'elles ont accepté ces principes . Pourtant notre population est extrêmement différenciée La droite remet tous ces principes en cause et n'accepte que la liberté individuelle poussée à son extrême (loi du + fort) Je n'ai jamais vu de telles attaques contre les piliers même de notre république ! - remise en cause de la laïcité (M.Sarkozy a tenté de le faire) - soutien des communautarismes (pratique quand on veut diminuer l'impact du rôle public) - remise en cause des lois sociales pour les remplacer par des contrats (comme en Amérique) -fin du CDI, contrats individualisés, limitations syndicales - diminution du pouvoir de l'état - régulateur - réduction des sces publics - menace contre la liberté des médias audiovisuels Résultat : depuis 5 ans, la droite (dont M.Sarkozy se revendique) monte des catégories de français les unes contre les autres et sans arrêt ! En fait il s'adresse à des clientèles en s'appuyant toujours sur les fractures, la division. Ce n'est pas républicain et si vous lisez bien le "pacte présidentiel" de Royal, vous verrez à quel point il tente de réunir les français, de raviver ces principes. A mon avis, c'est une républicaine convaincue, Sarkozy est anti républicain. Maintenant la gauche pourra regretter que ségo ne soit pas plus à gauche, mais la gauche aura tout à perdre d'une destruction de la république. Parce que la démocratie pure et simple (liberté du + grand nombre) quand elle n'est pas chapeautée par un esprit républicain, aboutit aux aberrations qu'on voit aujourd'hui en amérique. Ils ont peut être 4 % 'de chômage, mais leur société est en déconfiture. Les individus ne peuvent se défendre qu'au travers de groupes de pression, de lobbies, de procédures judiciaires, de communautés, de fondamentalismes, parce qu'ils n'ont pas la citoyenneté de droit, comme la république française l'a. C'est notre spécificité, ça se paye, c'est parfois lourds et on a besoin de dépoussiérer, mais les principes républicains sont bons et toujours d'actualité. Pour moi, Sarkozy va faire sauter le couvercle et l'aventure risque d'être hyper dangereuse. Il va provoquer des déchirures définitives qui aboutiront à une explosion sociétale telle qu'on replongera dans le fascisme (et à cet égard ses dérives nationalistes et xénophobes sont inquiétantes)même sans lui, même avec lui et même contre lui. Il faut faire attention à ça. La loi, le droit, la république sociale sont les ciments de notre société. | |
| | | mariep
Nombre de messages : 2266 Date d'inscription : 01/10/2006
| Sujet: Re: Ségo et moi (quand j'me lache, j'me lache !) Mer 2 Mai 2007 - 18:15 | |
| " Je veux que c'est elle qui gagne parce c'est une fille , y'en a marre que c'est toujours des garçons. L'autre Sarcosi, il est pas beau, y peut pas gagner , elle est belle." C'est ma fille , elle a 7 ans , je lui explique les élections. Visiblement pour l'instant, seule la partie" une femme est un président comme un autre" est passée, et pas la partie " non , ma caille , on ne choisit pas de voter pour le plus joli mais pour celui avec lequel on est le plus d'accord " | |
| | | nakata Modérateur
Nombre de messages : 3633 Localisation : Marie-George Buffet Land Date d'inscription : 28/09/2006
| Sujet: Re: Ségo et moi (quand j'me lache, j'me lache !) Mer 2 Mai 2007 - 19:49 | |
| Oui bon mpfff, je me relis et je me rend compte que j'en ai rajouté dans le lyrisme, j'y crois pas vraiment à toutes ces conneries. Je viens de lire les mini-marres du Canard et dans les coulisses, DSK et Védrine disent que c'est perdu, ça redonne pas le moral tout ça. | |
| | | clomani Invité
| Sujet: Re: Ségo et moi (quand j'me lache, j'me lache !) Mer 2 Mai 2007 - 19:53 | |
| - nakata a écrit:
- Oui bon mpfff, je me relis et je me rend compte que j'en ai rajouté dans le lyrisme, j'y crois pas vraiment à toutes ces conneries.
Je viens de lire les mini-marres du Canard et dans les coulisses, DSK et Védrine disent que c'est perdu, ça redonne pas le moral tout ça. Védrine ? Mais qui c'est, Védrine ??? Non, on y croit... les éléphants n'y croient plus parce qu'ils sont ulcérés d'avoir à affronter un changement au PS... Eh bien il était temps de toutes façons. Et si elle perd, ça promet 10 ans de Sarko avec le bordel du PS !!! Parce qu'ils ne se reprendront pas d'ici les législatives... alors bon ! |
| | | nakata Modérateur
Nombre de messages : 3633 Localisation : Marie-George Buffet Land Date d'inscription : 28/09/2006
| Sujet: Re: Ségo et moi (quand j'me lache, j'me lache !) Jeu 3 Mai 2007 - 23:13 | |
| A travers ce texte j'ai voulu restituer un peu de mon émotion politique, sans vraiment y parvenir. Mais je viens de lire l'interview de Moati dans Charlie, et là, il se passe quelque chose. Très émouvant. Je vous le scanne. | |
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| | | | Ségo et moi (quand j'me lache, j'me lache !) | |
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