Une vraie politique

D'abord, replaçons les choses dans leur contexte. Voynet n'est pas aidée par les médias. Certains la boycottent :



D'autres l'interrogent, mais uniquement sur Hulot ! Illustation, le 19 janvier dans Le Monde :

Citation :

ENTRETIEN AVEC DOMINIQUE VOYNET, CANDIDATE DES VERTS

« Même si Nicolas Hulot se lance, je continue »
Article paru dans l'édition du 19.01.07

Votre campagne « patine ». Comment l'expliquez-vous ?

Le seul indice de ce patinage, c'est la façon dont la question revient de la part des journalistes. Car sur le terrain, je ne le sens pas. A force de donner la parole aux deux mêmes candidats, on a le sentiment que seuls ces deux personnes-là ont quelque chose à dire. Je suis assez tranquille : ce ne sont pas des couvertures de magazine qu'on va mettre dans l'urne mais des bulletins de vote.

Dans les sondages, vous ne parvenez pas à dépasser les 2 %. Le sens de votre candidature n'est pas perçu ?

La campagne ne s'est pas réellement engagée sur les contenus. Les candidats des principales formations politiques peuvent encore dire tout et son contraire. On peut à la fois signer un pacte écologique et annoncer la relance de la croissance. Chaque dossier est tour à tour présenté comme prioritaire. Ségolène Royal a déclaré que son premier projet de loi sera sur les violences faites aux femmes. Quelques semaines plus tard, c'est sur le logement. Avant sans doute les prisons, la santé, le chômage. Quand l'on discutera des projets, je sais pouvoir intéresser.

Ce serait donc une question de « timing » ?

La campagne présidentielle est toujours difficile pour les écologistes, parti qui a pour ambition de peser sur les choix des candidats qui seront présents au deuxième tour mais qui ne peut prétendre y accéder lui-même.

Pourtant Nicolas Hulot parvient, lui, à mobiliser un potentiel électoral.

Mais c'est un potentiel de sympathie ! Il y a des connaisseurs éminents des questions environnementales dont je peux parier que s'ils avaient alerté l'opinion en juillet dernier, cela aurait fait « pschitt ». Nicolas Hulot a intéressé parce que c'est un animateur connu de télévision. On est face à un mécanisme médiatique, pas politique.

Mais il mord considérablement sur votre terrain électoral !

La sympathie dont bénéficie Nicolas Hulot exprime moins une adhésion aux thèses écologiques qu'une envie de vivre mieux et une défiance à l'égard des politiques. Cela révèle des attentes paradoxales chez les Français. D'un côté, une aspiration à la démocratie participative, à retrouver du collectif. Et de l'autre, une sorte de soulagement quand des personnalités qui s'affranchissent du collectif sortent du lot. Moi, j'ai été choisie par mon parti et j'en suis fière. Les Verts sont capables, à partir d'une bonne idée, de dire comment on fait et de le faire. Ce n'est pas la même chose de dire « il faut moins de voitures dans Paris » et d'arriver, après avoir affronté les lobbies, les humeurs des usagers, à inaugurer le tramway, dans les temps.

Les Verts servent donc encore à quelque chose ? Sans les militants de terrain, on n'est rien ! Nicolas Hulot s'inspire très largement de notre programme, notamment en matière de politique agricole et de fiscalité écologique. Pour nous, une politique qui permette à la fois de moins gaspiller les ressources naturelles et de mieux répartir les richesses, c'est le b.a.-ba. Ce que je veux, c'est que le candidat de la gauche au second tour intègre les questions écologiques comme des questions centrales. Je note que Ségolène Royal va plus loin que le PS dans les réponses qu'elle a faites à Nicolas Hulot.

Mais je sais par expérience que si les écologistes n'ont pas un rapport de forces au soir du premier tour, les promesses d'un jour céderont le pas aux pressions des lobbies et aux habitudes des administrations et des ministères. Les mesures à prendre vont bien au-delà de celles que nous proposions en 1997. On n'est plus dans la transition douce mais dans le changement de cap rapide, radical et soutenu.

Quand même, deux de vos proches, Yves Cochet et Jean-Luc Bennahmias, en appellent à votre retrait au profit de Nicolas Hulot.

On n'est pas des robots. Cela me fait de la peine quand des amis me semblent perdre leurs nerfs ! Je constate que leur démarche, dictée en partie par des considérations personnelles, a provoqué l'effet inverse chez les Verts. Les gens serrent les coudes, accélèrent leur mobilisation. Notamment sur le chantier des parrainages qui m'inquiétait un peu.

Mais quand M. Cochet et M. Bennahmias font valoir que Hulot c'est 10 % dans les sondages et Voynet 2 %, que répondez-vous ?

Avec ce genre d'argument, Chirac aurait retiré sa candidature face à Balladur en 1995. Et, en 2002, on aurait dû renoncer face à [Jean-Pierre] Chevènement, c'était lui le troisième homme ! On donnait Noël Mamère à 2 ou 3 %. A l'arrivée, lui et Chevènement ont fait jeu égal à 5 %. Je suis sans complexe, je crois aux idées que je défends, au travail que je fais. C'est collectif une campagne, même si, à un moment donné, il faut dire « je » et qu'il n'y aura qu'une photo sur l'affiche. On est porteur d'espérances de beaucoup gens. Et c'est cela qui doit faire aussi hésiter Nicolas [Hulot] : il reçoit beaucoup d'amour de ces gens qui signent le pacte et lui disent : « Tu es la bonne personne ». Chez José Bové, il y a cela aussi : « J'aime qu'on m'aime ». Mais au-delà, il y a le projet qu'on porte, ce qu'on veut gagner. Et bien moi, je veux gagner des choses !

Et si, lundi, Nicolas Hulot se lance malgré tout ?

Je continue. Ne pas avoir de candidat Vert, c'est mettre en péril l'existence d'un groupe parlementaire à l'Assemblée. Et puis, quelle garantie d'une mobilisation des voix écologistes à gauche pour le second tour ?

Les hausses d'impôts pour les contribuables gagnant plus de 4 000 euros net par mois : vous êtes d'accord ?

Oui. Cela concerne 3 ou 4 % de la population. On vit dans un pays extraordinairement riche, où les inégalités augmentent et où l'Etat semble renoncer à sa capacité d'interpeller les contribuables le plus aisés. On peut redonner la fierté de contribuer au financement des services publics.

Les négociations avec le PS sur les législatives sont au point mort.

Elles doivent reprendre vite. Le PS a l'espoir de passer un accord sur une base faible en raison des signaux contradictoires envoyés par certains camarades qui se prononcent en faveur de Nicolas Hulot. Ce n'est pas ma candidature qu'ils affaiblissent mais la campagne législative. A eux de peser ce qu'ils font.
Propos recueillis par Caroline Monnot et Sylvia Zappi

Jusqu'ici, elle subissait sans broncher. Un entretien entier sans aucune question sur l'écologie, entièrement centré sur les peopleries de Nicolas Hulot, alors qu'elle-même n'a déjà pas souvent l'occasion de s'exprimer ? Tant pis. On laisse passer l'orage. On répond poliment, et on espère que les journalistes passeront aux chose sérieuses quand le roi du parapente sera hors-course. On est civilisé et poli.

Mais là, elle en a eu marre, la Voynet. http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/septneuftrente/

Demorand (très décevant dans son panurgisme) commence par l'éternelle question politicienne sur Hulot. Elle ne se démonte pas, répond calmement, espérant que des questions plus intéressantes suivront. Mais l'autre, il revient à la charge. Alors Voynet explose. Annonce qu'elle ne répondra plus à aucune question sur Hulot et sur manoeuvres politiciennes, qu'elle est là pour parler de ses idées, de l'environnement, des moyens concrets pour mettre en oeuvre une révolution écologiste quand tant d'autres se contentent des belles paroles sur la maison qui brûle. Évidemment, Demorand tente de la faire passer pour une hystérique. Elle ne se démonte pas. Et décide de dynamiter les règles imposées du petit cirque politico-médiatique. Ce matin, on va faire de la vraie politique, au sens noble, de gré ou de force, que cela plaise ou non aux langues de pute.

Ce qui s'est passé à l'antenne pendant quelques dizaines de minutes était passionnant. Ça parlait de service public de l'eau, de retraitement des déchets, d'OGM, de lien entre écologie et social... Ça devrait être la norme en politique. Mais il y a tant de démagogues, tant de politicards qui n'assument pas leur bilan au pouvoir, comme Sarkozy et Bayrou, tant de professionnels de la rhétorique creuse... que le comportement de Voynet ce matin ne pourra qu'attirer les sarcasmes. Elle, elle assume sa nécessaire compromission avec le pouvoir, et ne se pose pas en sauveur de la nation. Son bilan au gouvernement n'est peut-être pas fameux, c'est moins joli que le blabla hulotiste, elle était minoritaire, elle a fait ce qu'elle a pu, mais on ne lui enlèvera ces quelques victoires personnelles, comme la loi sur l'eau que la droite s'est empressé de détricotter depuis. Certains pourront trouver qu'elle fait trop de sociétal et pas assez d'écologie, mais comme elle l'a fait remarquer, quand elle va défendre les sans-papiers, les journalistes accourent, mais quand elle va faire de la pédagogie dans une réserve ornithologique, y a plus personne.

Ce matin, Madame Voynet, vous avez contribué à élever le débat. Certes, vous ne ferez pas les gros titres : vous n'avez pas livré une de ces petites phrases qui font les choux gras d'une certaine presse en mal de sensationnalisme. Vous nous avez offert une vraie tranche de politique. Je vous en remercie.

J'ai aussi beaucoup aimé la révolte de Dominique Voynet.

Et Demorand, quand il suppliait : "mais, cette question, ma question, elle est noble, non ?" ... faisait ainsi l'aveu que les questions journalistiques ne sont pas nobles en général.

La presse va être secouée dans cette campagne présidentielle.

L'Gé a écrit:

J'ai aussi beaucoup aimé la révolte de Dominique Voynet.

Ça me rassure de pas être seul. Je craignais que tout le monde la prenne pour une hystérique...

ouaip, elle a été très forte, 2-3 tacles assassins pour calmer l'autre pitre avec ses questions (alors hulot, hein hulot, hein?), ensuite remontée de balle en passes courtes sur tous les sujets écologiques, grand pont sur l'afrique et les problèmes alimentaires retourné acrobatique sur les ratés de son premier passage au gouvernement et centre en pleine lucarne sur 2007...

Allez les verts!

sérieusement j'ai moi aussi été favorablement impressionné! qu'on lui fasse de la place!

billbaroud35 a écrit:

Allez les verts! !

Tiens, j'avais pas fait le raprochement. Qu'en pense vanemel ? Et est-il fan des Mickey 3D ?

Tu m'ôtes les mots de la bouche.

Je suis très tenté par un vote inutile en direction de Voynet depuis longtemps et particulièrement depuis le début des âneries de la Royale parce que bonjour les bourdes et les calculs au PS (Hulot, y va-t'y, y vas-t'y pas?). Particulièrement poignant le fait que les Verts aient été invités hier soir par le PS pour délibérer sur les points communs ...
En plus, Voynet a toujours eu un discours clair qui me semble empreint de la déontologie que les autres évoquent mais n'appliquent pas.

D'ailleurs, je dois dire que Nicolas H. a été à la hauteur dans sa déclaration, notamment sur l'aspect de l'honnêteté intellectuelle vis à vis des partis écologiques.

nakata a écrit:

billbaroud35 a écrit:

Allez les verts! !

Tiens, j'avais pas fait le raprochement. Qu'en pense vanemel ? Et est-il fan des Mickey 3D ?

Là, j'ai pu écouter ton lien, Naknak... merci (hier, j'étais un peu "fatiguée" ). Mais moi je l'ai toujours trouvée bien, la Voynet... Ministre, elle s'en est pris plein la gueule : souvenez-vous quand son bureau a été saccagé par les chasseurs de "chasse et pêche", ces gros bouseux richissimes qui veulent continuer à aller se faire des décharges d'adrénaline sanguinolantes... Elle s'était faite allumer par la presse parce qu'elle n'était pas venue se montrer sur les plages polluées de l'Ouest... mais, bon, ça c'est sûr qu'à l'heure actuelle, "ils" se montrent, tous... (je prédis tout le petit monde politico-médiatique aux funérailles de l'Abbé Pierre)... à quoi ça a servi, que Voynet se montre pour finir ? A se faire ratatiner par la presse !
Ce matin, il y avait Mamère sur Canal, il s'en prend moins dans la tronche... est-ce parce qui a été journaliste (visiblement, il a dû être le prof de beaucoup de journaleux) ? Est-ce parce qu'il est un homme ?
Mais je ne crois pas que Voynet passe pour une hystérique... Demorand est insupportable d'autoritarisme ! Un journaliste, normalement, il est là pour poser en avant l'invité, pour l'aider à parler, lui poser des questions et écouter les réponses... Ca fait longtemps que ce principe, qui est la base même du journalisme, a été oublié... et piétiné. Demorand est un animateur de merde, et ne mérite pas sa carte de presse, (donc de payer moins d'impôts que les autres) etc...

nakata a écrit:

L'Gé a écrit:

J'ai aussi beaucoup aimé la révolte de Dominique Voynet.

Ça me rassure de pas être seul. Je craignais que tout le monde la prenne pour une hystérique...

J'ai pas écouté ce matin mais je l'avais écouté avant noêl toujours sur inter un vendredi soir. J'avais pensé comme toi qu'elle assurait bien dans l'argumentaire politique de fond et sur un ton d'honnêteté assez convaincant pour parler de son parti, des difficultés, de leur poids politique mais aussi s'exprimant clairement à gauche pour traiter la questions des quartiers, de l'école, de la fiscalité; C'etait pertinent et hors langue de bois.

Hier tu disais que Bayrou finalement avait une posture qui n'avançait pas, plus à se plaindre des "gros" qu'à argumenter des hypothéses de transformation sociales.

A un moment Voynet et les verts vont se retrouver dans la même situation que Bayrou.
Pourquoi, Voynet qui a une dimension politique nationale, une personnalité qui interpelle, n'essaye pas d'avancer , avec sa ligne verte au sein du parti socialiste, pour faire de l'intérieur ce qu'elle n'arrive pas à imposer de l'éxterieur? Et laisse SR fricoter avec Hulot, qui tout vert qu'il soit reste un type sur la droite de l'échiquier.

nakata a écrit:

L'Gé a écrit:

J'ai aussi beaucoup aimé la révolte de Dominique Voynet.

Ça me rassure de pas être seul. Je craignais que tout le monde la prenne pour une hystérique...

Elle défend SA gueule... mais pas celle des autres.
A-t-elle bougé entre 2002 et 2006 quand elle avait plus souvent la parole que Chevènement alors que ce dernier a fait plus de voix que les Verts et que le PCF aux présidentielles ? Non !!!
A-t-elle protesté quand Noël Mamère passait en permanence à la téloche parce qu'il avait marié deux pédés ?

nulnul7 a écrit:

Tu m'ôtes les mots de la bouche.

Je suis très tenté par un vote inutile en direction de Voynet depuis longtemps et particulièrement depuis le début des âneries de la Royale parce que bonjour les bourdes et les calculs au PS (Hulot, y va-t'y, y vas-t'y pas?). Particulièrement poignant le fait que les Verts aient été invités hier soir par le PS pour délibérer sur les points communs ...
En plus, Voynet a toujours eu un discours clair qui me semble empreint de la déontologie que les autres évoquent mais n'appliquent pas.

Voynet, elle est comme les autres... Elle aime les portefeuilles. Si ce n'était pas le cas, elle ne serait pas restée avec le PS qui soutient le nucléaire et pas les sans-papiers. Cochet aurait signé la pétoch de Montebourg pour mettre en accusation Chirac. Il ne l'a pas fait pour être ministre.
Alors la "déontologie", ça me fait doucement rigoler !

clomani a écrit:

nakata a écrit:

billbaroud35 a écrit:

Allez les verts! !

Tiens, j'avais pas fait le raprochement. Qu'en pense vanemel ? Et est-il fan des Mickey 3D ?

Un journaliste, normalement, il est là pour l'aider à parler..

Ben non ! Surtout quand il ne parle pas toujours mieux...