Le bonheur d’Emma (Emmas Glück), de Sven Taddicken.
Un nouveau délicieux et sans prétention film allemand.
Max est solitaire. Max est tâcheron chez un concessionnaire Opel. Quand il apprend le cancer qui lui ronge le ventre, il pète les plombs, fauche la jaguar de son ami-patron (qui n'a pas une Opel donc), lui pique sa caisse noire, réserve un billet pour Mexico (« pour aller s’allonger à jamais dans un hamac et regarder les pélicans »), fonce sur la route pour échapper à son patron-ami, dans une pulsion de mort accélère à fond et lâche le volant, part dans un incroyable vol plané (très bien filmé), et atterrit … dans la cour de la ferme d’Emma.
Emma est seule. Emma, c’est une grande bringue au corps de walkyrie fait pour les travaux des champs et pour l’amour, un cœur de midinette et un sourire d’ange. Emma a 17 cochons, 3 truies et 8 porcelets. Elle a trouvé un moyen formidable pour tuer le cochon sans qu’il crie (« il ne crie par parce qu’il meurt mais parce qu’il comprend qu’il va mourir »… alors !?). Emma se donne parfois un peu du plaisir en serrant les cuisses sur sa mobylette qui vibre beaucoup en roulant à cause de sa roue voilée. Elle vit dans un bordel infâme, n’a plus d’électricité parce qu’elle ne paye plus ses traites, et accueille les huissiers avec le fusil. Mais cette nuit là, dans sa cour, elle accueille Max, … comme un cadeau du ciel.
Emma c’est la vie même.
Un rayonnement vital.
Et Max, le presque mort,....
(j’arrête là)
Le reste c’est une histoire d’amour drôle et dérangée, poétique et dérangeante.
Je crois que Jordis Triebel a gagné pas mal de prix pour ce rôle d’Emma.
Mérités !
Le film est visible dans le circuit Utopia (et à Paris, je ne sais pas .. au Mac Mahon ?)