La scène d’introduction fait le parallèle entre un troupeau de moutons allant à l’abattoir et une meute de travailleurs allant à l’usine.
Dans les films précédent de Chaplin, le vagabond se confrontait à des individus (un gros type, un policeman, un “important “qui menace son intégrité d’homme de bonne volonté, …etc).
Dans
Les Temps modernes, la situation est plus grave.
La confrontation est devenue le fait du “système” et non de quelques individus.
Le moteur de la société ultra-libérale c’est la poursuite du bien être matériel chez les exploités, et la recherche de la toute puissance chez les exploiteurs.Charlot travaille à la chaîne dans une usine gigantesque. Il serre des boulons. Le directeur ordonne une augmentation de cadence.
Il a ses raisons. On ne les connait pas. Des techniciens ont inventé une machine à manger plus vite, pour réduire la pause casse-croute.
Ne pouvant suivre le rythme (pas apte ? sera-ce un “assisté” ? n’aime-t-il pas le travail ?), Charlot est happé dans le ventre de la machine et roule entre les engrenages.
Rendu fou, il se met à danser au milieu de l'usine, à serrer tous ce qui lui fait penser à des boulons, le nez de ces collègues, les boutons de la robe de la secrétaire, jusqu'à ce que décision soit prise de l'évacuer dans un fourgon sanitaire
A peine sorti de l'hôpital, Charlot se dans une émeute. Suite à un malentendu, des policiers le prennent pour le meneur et l'emmènent en prison.
Au réfectoire de la prison, Charlot absorbe par erreur de la drogue qu'un voisin de table avait dissimulé dans une salière, et c'est au moment de retourner dans sa cellule que Charlot, sans savoir pourquoi ni comment, se retrouve dehors. Tentant de retourner dans sa cellule, Charlot est témoin d'une tentative d'évasion et, à lui tout seul, met fin à la mutinerie. En récompense, on lui offre une cellule confortable en attendant sa liberation.
Une fois dehors, son seul souci est de retourner en prison. Une gamine orpheline est arrêtée pour avoir volé du pain, Charlot tente de se faire arrêter à sa place mais en vain.
Il entre alors dans un restaurant et avale tout ce qu'il peut avant d'appeler un policier pour se faire arrêter, car il n'a pas un sou. Dans le fourgon, il retrouve la gamine, mais la voiture a un accident et la petite en profite pour se sauver en faisant signe à Charlot de la suivre. Il hésite, puis se décide, et tous deux s'enfuient en courant.
Charlot et la gamine sont installés dans une vieille cabane. En lisant le journal, Charlot apprend que son usine est rouverte, enfin du travail, mais à peine a-t-il commencé que les ouvriers se mettent en grève. A nouveau à la rue, il se fait engager comme gardien de nuit dans un grand magasin. La première nuit il invite la petite orpheline dans le magasin, ils se restaurent à la cafétéria et s'amusent dans le rayon des jouets. Au moment de pointer, abandonnant la gamine à l'étage des chambres à coucher que Charlot tombe sur des cambrioleurs, parmi eux, un ancien collègue de travail...
Le lendemain, Charlot est retrouvé endormi et ivre au milieu du rayon lingerie, accusé de complicité ; il retourne en prison.
A sa sortie, la gamine l'attend, elle a trouvé un emploi de danseuse dans un cabaret et présente Charlot à son patron qui l'engage comme serveur et chanteur. La gamine lui inscrit les paroles de la chanson sur sa jolie manchette.
Mais d’un geste trop ample la manchette s’envole. Le vagabond-serveur se met alors à improviser danse et chant sur l’air de “Je cherche aprés Titine”… et fait un triomphe.
Mais des fonctionnaires de l'assistance publique veulent emmener la gamine orpheline et mineure.
Après leur avoir échappé, Charlot et la gamine s'en vont ensemble, main dans la main.
Aux US, “on” trouva
aux Temps modernes un penchant pour le communisme. Chaplin eut enormément d’ennuis au moment du McCarthysme. On sait qu’il devra plus tard se résoudre à quitter les US à cause de ça.
C’est juste un film de révolte.
Le film est partiellement sonorisé.
Un certain nombre de voix du film passent réellement … par le haut parleur qui diffuse la bande sonore : circuit de surveillance vidéo du patron, pavillon d'un gramophone (machine à manger), cadran d'une radio (prison).
On entend également le “sabir” inventé par Chaplin sur la chanson “Je cherche aprés Titine”. Comme chez Tati, les voix restent souvent inaudibles et rejoutent à la déshumanisation du monde moderne.
Ce n’est que dans Le Dictateur qu’on entendra un vrai “discours”.