Par mon pote Durito:
Ballons ou boutiques.
"Le monde est comme un ballon gonflé. Ou plutôt, comme une vessie gonflée. Autrement dit, quand on dit qu'il y a globalisation, c'est qu'il y a la mondialisation des parties du monde. Mais il y a, comme dirait l'autre, une mondialisation de ceux qui ont beaucoup d'argent. Et il y a aussi, comme dirait l'autre, la mondialisation de la lutte, ou plutôt de la résistance.
Dans la mondialisation de l'argent, ou plutôt, dans la globalisation des puissants, il y a beaucoup de méchanceté, mais la méchanceté ne reste pas tranquille à l'intérieur d'un pays, elle se met dans tous les pays. Et cette méchanceté se met dans d'autres pays parfois par la guerre, parfois par l'argent, parfois par l'idée, parfois par la politique.
Autrement dit, ce qui se passe avec la mondialisation de la méchanceté, c'est que ceux qui sont beaucoup très riches ne sont plus contents d'être de riches exploiteurs dans un pays, ou plutôt, de leur peuple, mais ils veulent plus d'argent et ils se mettent dans d'autres pays pour gagner plus d'argent, et alors, ils ne respectent rien parce qu'ils aiment seulement leur habileté d'exploiteurs et tout ce qu'ils veulent, c'est gagner de l'argent bien qu'ils en aient déjà beaucoup, ça ne leur suffit pas, ils en veulent plus.
Et alors l'argent se met dans un autre pays et ne respecte pas ce pays à cause de la globalisation de l'argent qui ne respecte ni les pays ni les gens.
Autrement dit, chaque pays est comme un ballon qui crève et il en sort tout ce qui le faisait spécial, disons, comme sa coutume, sa parole, sa culture, son économie, sa politique, ses gens, sa manière, quoi.
Et alors le pays, il faut voir comme il se casse, et le monde entier se met dans ce pays, et ce pays n'est déjà plus ce pays, mais le monde entier. Mais pas le monde des gens, mais le monde de l'argent où les gens ne comptent pas.
C'est comme si quelqu'un se cassait, comme ça, et qu'il ne serait plus une personne, mais que toutes les méchancetés se mettent dans cette personne et la mangent, et lors il n'y a plus de personne, il y a seulement ce qui a mangé la personne.
Et c'est pourquoi nous disons, nous, que la globalisation des puissants, ou plutôt, de l'argent, mange les pays et mange les gens qui vivent dans ces pays. Parce qu'un pays, c'est comme une maison où vivent les gens du pays. Et l'argent mondial détruit la maison, ou plutôt, le pays, et les gens restent sans maison et sans âme parce qu'ils ne se connaissent plus entre eux et ils sont comme des inconnus, avec la méfiance dans les yeux et dans les paroles, tristes, quoi. Et alors, quand un pays reste sans âme, l'âme de l'argent s'y met.
Et ce pays qui s'est cassé n'est plus la maison où vivent les gens de ce pays, mais c'est une petite boutique où on vend et où on achète des choses et des gens.
Parce que, dans la globalisation, l'argent met des boutiques là où il y avait avant des pays. Et alors, comme le pays n'est plus un pays mais une boutique, les gens ne sont donc plus des gens, mais seulement des acheteurs et des vendeurs.
Et les gens ne sont pas propriétaires de la boutique, c'est l'argent mondial qui commande. Et alors, donc, comme nous disons, la pensée qui commande est la pensée de l'argent. Et, par exemple, quelqu'un pense à un nuage et c'est quelqu'un pensant à un nuage et qui peint sa pensée en bleu par exemple, et voilà, et ce quelqu'un va avec sa pensée d'un nuage bleu et il est content avec sa pensée de nuage bleu, et s'il trouve un ballon, il le gonfle et il le peint en bleu et il le donne à un petit garçon ou à une fillette, et la fillette, ou bien le garçon, joue avec le ballon bleu qui était une pensée d'un nuage bleu. Parce que les gens, quand ils pensent comme des gens, ils pensent des pensées pour les gens.
Mais l'argent ne pense pas aux gens, il pense à plus d'argent. Autrement dit, l'argent n'en a jamais assez, il mange tout pour faire plus d'argent.
Autrement dit, l'argent ne pense pas à un nuage, il pense à une marchandise qu'il va vendre et à tirer plus d'argent.
Plutôt : dans la globalisation de l'argent, se mondialise aussi la pensée de l'argent. Et cette pensée de l'argent est comme une religion qui adore le dieu de l'argent et les temples de cette religion, ce sont les banques et les boutiques, et les prières, ce sont les comptes qu'on fait avec l'argent quand on vend, quand on gagne.
Cette religion de l'argent s'appelle « néolibéralisme », ce qui veut dire qu'il y a une nouvelle liberté pour l'argent. Ou plutôt que l'argent est libre de faire ce qu'il a envie. Et les gens n'ont plus alors de liberté, mais l'argent, si.
Et dans la globalisation de l'argent, le monde mondial se détruit, ou plutôt, le ballon du monde se casse, la vessie mondiale crève, et alors l'argent met une boutique là où il y avait avant un pays, autrement dit, là où il y avait avant une maison avec des gens, il y a maintenant une boutique.
Onc, la globalisation du pouvoir détruit les pays pour faire des boutiques. Et les boutiques, c'est alors pour vendre et acheter.
Et si quelqu'un, par exemple, n'a pas les sous, ou ne veut pas acheter, il ne compte pas, autrement dit, il faut le détruire.
La globalisation du pouvoir, c'est comme une guerre contre les gens et leurs maisons, autrement dit, c'est une guerre contre l'humanité.
La globalisation du pouvoir détruit les maisons des gens, disons, les pays et, parfois, elle vient détruire par une guerre. D'autres fois, elle entre parce que quelqu'un de l'intérieur lui ouvre la porte pour qu'elle entre détruire.
Et ceux qui ouvrent la porte, ce sont les politiques, disons, ceux qui commandent dans les pays, autrement dit, dans les maisons des gens. Et alors, les politiques ne servent plus à commander parce qu'ils ne commandent plus par eux-mêmes parce que celui qui commande, c'est l'argent mondial.
Et alors, les politiques deviennent des boutiquiers ou, plutôt, ceux qui ont la charge de la boutique qui était auparavant un pays ou, autrement dit, une maison de gens. Et les politiques ne sont plus bons pour tenir la boutique et il vaut mieux en mettre d'autres qui, bien sûr, étudient et apprennent à être chargés de boutique. Ceux-là sont les nouveaux politiques, autrement dit, les boutiquiers.
Et peu importe s'ils ne savent rien de ce que c'est gouverner mais ce qui importe, c'est qu'ils sachent tenir la boutique et rendent de bons comptes à leur patron qui est l'argent mondial. Alors, dans les pays détruits par la globalisation du pouvoir, il n'y a plus de politiques, il y a des boutiquiers.
Et là, dans les boutiques qui étaient des pays avant, les élections ne sont pas pour mettre un gouvernement, mais pour mettre un boutiquier.
Et alors, ils se mettent à être candidats, autrement dit à se battre entre eux, les gros, les maigres, les grands, les pots à tabac, de couleurs différentes, qui commencent à parler et à parler, et vas-y que je te parle, mais ils ne disent rien du plus important, autrement dit, ils sont tous différents de visage mais ils sont tous pareils parce qu'ils vont être boutiquiers. La globalisation du pouvoir s'en moque alors, si le boutiquier est vert, bleu, rouge ou jaune. Ce qu'il faut, c'est que le boutiquier remette de bons comptes.
Les boutiquiers changent, mais il continue à y avoir un boutiquier.
Et là, dans la globalisation du pouvoir, le monde n'est plus rond comme un ballon gonflé, il crève et à sa place il reste une très grande boutique.
Et les boutiques, comme chacun sait, sont carrées, pas rondes.
C'est comme ça, plus ou moins, que fonctionne la globalisation qui est, si l'on peut dire, comme la « ballonisation »."
(Fin de l'exposé de Durito)