«
tout bien considéré » … je tiens
Dr Jerry & Mister Love comme un comédie parfaite!
Le professeur
Julius Phelps (Jerry lewis) est timide, laid, complexé, plein de tocs (« tout bien considéré »), humilié par ses élèves … et amoureux d’une jolie étudiante (Stella Stevens, blondeur sixties)[/size]
Légèrement savant fou, il décide de s’affirmer ; il mobilise alors toute sa science pour atteindre son but par une voie des plus expéditive : la potion magique.
La scène de la métamorphose est prodigieuse.
Elle combine les stéréotypes du savant fou, le suspense de la transformation et la représentation du la douleur de la transformation d’une manière parodique mais magistrale.
Regardez-là encore et encore cette scène !
Tout y est, mais revu et corrigé: le perroquet moqueur mais qui rappelle le corbeau de la sorcière, le crescendo des battements de cœur, les plans sur l’horloge s’approchant des 12 coups fatidiques, les spasmes dans une magma liquide et coloré (le film est en général très coloré … ici, le besoin est de dedramatiser). Puis la transformation : d’abord les mains, atrocement poilues, marques de l’animalité de la brute, le Mr Hyde de Stevenson. Puis les yeux, rouges et bleus, et les dents, trop longues et difformes : ah ! le ridicule revient !
L’oiseau moqueur (« Je t’avais prévenu ») est remplacé sur le perchoir par un homme en costume miniature, sorte de juge ..Puis tout devient confus et flou.. Quand il se reveille, paralipse magnifique, il se regarde dans le miroir mais on ne voit rien, n’a pas l’information… puis ellipse tout aussi magnifique : plan suivant, caméra subjective, il marche dans la rue. Regard étonné d’une jolie femme, admirative
Il est maintennat Buddy Love, un playboy gominé, narcissisque et mufle, mais drôle, charmant et talentueux.
Plus tard, sarcastique, Il dira au barman du night-club: "
La politesse c’est excellent : ça fait baisser la tension et monter les pourboires !".
Il veut séduire Stella. Mais les effets à court terme de l’élixir vont par d’innombrables péripéties contrarier la bluette. Buddy Love redevenant le professeur Kelp perd alors sa voix de crooner et sa désinvolture. La gaucherie et la myopie de Julius reprend le dessus…
Jerry lewis n’est pas très considéré aux US.
En Europe, il a été accueilli comme un cinéaste ayant su renouveler le burlesque, mêlant gags, nonsense, satire, music-hall
Jerry lewis n’est pas seulement l’auteur d’un festival de gags jubilatoires.
La première moitié du film regorge de petites séquences à la limite du cartoon, comme Tex Avery aurait pu en monter : l’ explosion du labo, l’usage inconsidéré des haltères dans la salle de musculation, les intonations nasillardes de Julius (« tout bien considéré » ), la tempête philharmonique que produit sa montre de gousset… etc etc..
Jerry Lewis est un auteur tout court !
Sans en rajouter sur la symbolique du film, on voit bien que Jerry Lewis joue sur le refoulement et la frustration sexuelle.
Le dénouement est d’une grande intensité.
Cette comédie intemporelle touche à la fois l’enfant en nous et l’adulte que nous rêvions d’être… et toc !