https://deliberation.1fr1.net/viewtopic.forum?t=498Les scénarios des films de Satoshi Kon, c'est un monde à part, inimitable. Loin des sentiers battus du genre. Plus audacieux. Visuellement, c'est plutôt bof au début de sa carrière, mais il n'a cessé de s'améliorer et atteint désormais la perfection.
L'histoire de
Perfect blue était déjà déroutante. Une jeune chanteuse de girls band laissait tomber la chanson pour le cinéma, était engagée pour une série télévisée, puis subissait le harcèlement d'un fan anonyme qui voulait la revoir chanter. Les évènements de sa vie réelle finissaient par se mêler à l'intrigue vécue par le personne qu'elle jouait, fiction et réalité se mêlant pour la rendre folle, et le spectateur avec.
Avec
Millenium Actress, qui n'était pas sorti en France au cinéma, SK quittait le registre du thriller pour celui du mélo (et chose rare, sans tomber dans la mièvrerie). Un documentariste y obtenait un interview avec une actrice des années 30-60, qui avait arrêté le cinéma au sommet de son art pour des raisons inconnues et vivait depuis en ermite. L'interview permettait de reconstituer la vie de la vieille femme, d'en dénouer les mystères (qui tournaient autour d'une histoire d'amour), et de suivre une partie de l'histoire du Japon par la même occasion.
Tokyo Godfathers était peut-être le dessin animé japonais le plus réaliste (avec le
Tombeau des Lucioles). SK y racontait l'histoire de trois sans-abris (un alcoolo, une jeune fugueuse et un trav) qui trouvaient un bébé abandonné dans les poubelles, s'en occupaient et tentaient de retrouver les parents... alors qu'ils avaient déjà du mal à s'occuper d'eux-mêmes, et de leurs propres blessures intimes.
Paprika, donc, reprend le thème omniprésent chez SK (sauf dans
Tokyo Godfathers) : le cinéma. Il y mêle la réalité, le rêve, la fiction, les imaginaires individuels et collectifs, dans une histoire complexe, déroutante, déstabilisante (d'ailleurs faudrait que je le revoie, j'ai pas tout compris). Dans un futur proche, une équipe de scientifiques crée une machine compacte, le DC Mini, qui permet d'entrer dans les rêves d'un patient pour analyser sa psyché. Mais un mystérieux criminel vole un prototype, ce qui lui permet d'intervenir dans les rêves de n'importe qui pour le rendre fou. L'une des scientifiques part à la recherche du coupable, dans la réalité mais aussi dans le monde du rêve à l'aide de son alter égo onirique nommé Paprika. Aidée par un flic torturé qui fut cinéaste amateur dans sa jeunesse, elle se perd dans les différentes couches de rêve et de réalité, et commence à comprendre que le coupable pourrait être l'un des membres de son équipe... Mais qui ? Plus le monde du rêve menace de déborder sur la réalité, plus les apparences semblent trompeuses.
Aucun film ne m'avait fait autant d'effet depuis... allez, depuis plus d'un an ! Et dire qu'ils n'en ont même pas parlé au Masque et la Plume : une honte !