nakata Modérateur
Nombre de messages : 3633 Localisation : Marie-George Buffet Land Date d'inscription : 28/09/2006
| Sujet: La Zona Mar 29 Avr 2008 - 14:10 | |
| Qui n'a pas entendu parler des gated communities, villes autonomes où des riches vivent repliés sur eux-mêmes, protégés du monde extérieur par muraille, barbelés et miradors ? L'État n'a quasiment aucun pouvoir sur ces zones privatisées ; les maîtres des lieux peuvent y édicter leur propre règlement intérieur indépendamment de la loi nationale. A partir de là, tout est possible, y compris interdire l'accès de la zone à certaines catégories de la population (dans l'une d'entre elles, aux USA, ce sont les jeunes ; dans d'autres, les Noirs). Le libéralisme libertarien poussé jusqu'à l'absurde. Comme illustration, je vous conseille un film qui est sorti récemment, vu ce week-end : La Zona. La Zona est une cité résidentielle autogérée, enclave bourgeoise au beau milieu des quartiers pauvres de Mexico. Une sorte de meilleur des mondes, aseptisé et sécuritaire, protégé du monde réel par un mur de béton et une milice privée qui scrute les limites de la cité avec des caméras de surveillance. Les adultes ont un golf privé à leur disposition, et les enfants vont à l'école privée à l'intérieur de la Zona, d'où ils ne sortent jamais : trop dangereux. Une vie sans histoire... Jusqu'à cette nuit d'orage où un éclair provoque un brèche dans le mur et une panne du système de surveillance. Trois jeunes des quartiers pauvres s'engouffrent dans la brèche pour voler tout ce qu'ils peuvent, mais le cambriolage tourne mal : une résidente est tuée, et deux des trois intrus sont abattus sans sommation. Le lendemain, le conseil d'administration de la Zona décide de laisser la police nationale en dehors du coup, de jeter les morts aux ordures et de traquer le troisième intrus, piégé à l'intérieur... Ce thriller réalisé par le jeune cinéaste Rodrigo Pla, avec Maribel Verdu (la mère dans Le labyrinthe de Pan), montre bien qu'au-delà d'une certaine masse critique, un tel système fondé au départ sur la liberté absolue et la sacralisation de la propriété privée finit nécessairement par reposer... sur la coercition, exactement de la même façon qu'un système étatique totalitaire. Terrifiant. | |
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