Un OVNI dans le paysage cinématographique asiatique.
Superproduction à l'échelle du continent,
La vallée des fleurs réunit des acteurs indiens (dont le vieux Naseeruddin Shah, star de Bollywood), japonais, tibétains, et même une franco-chinoise (la ravissante Mylène Jampanoï, aperçue dans
Les filles du botaniste de Dai Sijie). La production est plus ou moins française, allemande et américaine, et le réalisateur, Nalin Pan (
Samsara, pas vu), indien.
L'histoire, inspirée d'Alexandra David-Neel, est d'abord celle d'une bande de hors-la-loi venus des 4 coins du continent, qui détroussent les caravanes de marchands dans le Ladakh du XIXe siècle. Du jour au lendemain, leur belle harmonie est bouleversée par l'irruption d'une mystérieuse jeune femme rencontrée au cours d'un pillage : le chef de la bande tombe instantanément amoureux de la sorcière, n'en a bientôt plus que pour elle, et néglige ses camarades. Le couple infernal, lié par une passion fusionnelle, délaisse peu à peu le pillage d'objets matériels et part en quête de butins plus légendaires... A partir de là, le film va prendre une tout autre route, à travers les âges et les lieux. Je n'en dirai pas plus.
J'ai lu quelque part que
La vallée des fleurs serait l'équivalent asiatique de
The Fountain. Et c'est assez vrai : même thématique new age, (amour et immortalité à travers les âges), mêmes prétention esthétisante, même atmosphère onirique, mêmes fulgurances et mêmes maladresses. Là où la comparaison s'arrête, c'est que
La vallée des fleurs est loin du minimalisme d'Aronovsky, versant plutôt dans le gigantisme, parsemé de belles images de carte postale qui feront plaisir aux amis du Tibet (
). De ce point de vue, on est plus proche d'
Himalaya, l’enfance d’un chef. Un plaisir pour les yeux de tous points de vue, d'ailleurs, puisque Mylène Jampanoï est vue une fois de plus sous toutes les coutures (
), de même que son partenaire masculin, Milind Soman. A part ça, pris isolément, les différentes péripéties sont tout à fait charmantes et certaines scènes sont splendides... Mais le tout manque de cohérence, ce qui donne l'image typique du "grand film malade" hyper mal foutu. Sans compter des dialogues parfois un peu trop poético-sententieux. In fine, donc, ce film est sans doute un ratage, mais à voir quand même, tant il sort de l'ordinaire.
Je retiendrai une réplique géniale prononcée par un Naseeruddin Shah pince-sans-rire, qui aurait eu sa place comme signature de corto, je trouve :
"La réalité est causée par le manque d'alcool."