No country for old men, si l'on s'en tient à son titre, est l'histoire de vieux cons qui lisent la rubrique faits divers du canard local et en concluent que, ma bonne dame, tout fout le camp, y a p'us d'jeunesse ni d'morale ne d'saison. Pour les frères Coen, il ne s'agit pas de moquer leur bêtise, mais bien au contraire de faire corps avec leur héros fatigué, nous délivrant une vision du monde despéremment beauf, sorte de pendant américain de la déclinologie française.
Que les frères Coen soient devenus des vieux (gar)çons désabusés, là n'est pas le problème (près tout, les romans de Houellebecq sont la preuve que l'art réactionnaire peut être passionnant). Le problème, c'est que leur indigence artistique les condamne à ne pas être une seule seconde convainquants. Tout est censé se dégrader trop vite pour les pauvres vieux cow-boys, mais au contraire, tout dans le film est désespéremment statique, banal. Aucun cliché cinématographique ne nous sera épargné : quidam tombant sur une valise de billets qui va changer sa vie, fusillades nocturnes, voyages de motels miteux en motels miteux, tueurs givrés, répliques laconiques, fuite vers le Mexique... Tommy Lee Jones, grotesque en caricature de lui-même, joue un vieux shérif revenu de tout, débitant des vérités profondes, le regard de vieux sage perdu dans le vague ("je pensais que Dieu se présenterait à moi. Il ne l'a pas fait", j'ai failli pouffer mais le public avait l'air captivé). Voilà un bon acteur qui devrait veiller à ne pas rejouer toujours le même rôle : quand le film est bon (Trois Enterrements), ça passe, sinon, ça lasse. Les frères Coen échouent à nous montrer les évolutions du monde, tant et si bien que leur histoire pourrait tout aussi bien se dérouler dans les années 50...
De tout cela ne se dégage qu'un long ennui.