Procrastination

Rien qu'à le prononcer, on s'arrache la gueule, celui-là.

Il est pas beau, hein ? On jurerait que c'est une le cri de celui qui s'étouffe en avalant de travers son thé au lait matinal et tente vainement de recracher des bouts de croissant sans tout à fait y parvenir.

Puis il fait mot savant, pour initiés, de ces mots dont on comprend tout de suite qu'il faut avoir fait des études supérieures pour le comprendre.

Pourtant, son sens est charmant : tendance à remettre au lendemain, à retarder sans cesse une action, un projet, une ambition. (de mémoire)

Hé bien oui, j'avoue, je suis une adepte de la procrastination. L'avenir m'appartient rarement, et je prends un plaisir pervers à remettre au surlendemain ce que je pouvais faire la veille. Je laisse traîner, j'oublie et entre la sieste et l'action, mon coeur penche systématiquement en faveur de la première.

Parfois je pousse ma perversion à l'extrême. Dès potron-minet, je planifie, je prévois les action à entreprendre, je planne et rétroplanne l'intégralité de ma journée. Le résultat est beau : efficacité, otpimisation des moyens et résultats gratifiants miroitent devant mes yeux, encore un peu bouffis de sommeil. L'oeuvre achevée, une fois sur trois une petite voix mumure à mon oreille "à quoi bon ?"

"Pourquoi s'agiter autant ? Ta couche est chaude est moelleuse, une pile de livres passionnants te fait de l'oeil du coin du lit et tu n'as pas encore fini ce délicieux riz au lait parfumé à la cardamone... Ta lessive peut attendre une semaine, il te suffira de varier - pour une fois - tes tenues. La vaisselle sera plus facile à faire, en une seule fois ce soir. Le classement de tes papiers n'a rien d'urgent et un simple empilement fera paraître ce tas rangé... Recouche-toi donc, c'est le week-end et tu as bien mérité cette journée de douce nonchalance..."

Et je cède, mi-voluptueuse, mi-honteuse, à l'appel de la flemme. Ces journées d'absolu plaisirs, où le devoir n'a pas réussi à glisser son orteil, me laissent dans un état d'esprit à la fois contrit (encore une fois, tu n'as rien fait !) et satisfait (c'est toujours ça que les productivistes n'auront pas).

Parfois, je dois l'avouer, la petite voix ne se fait pas entendre ou je la balaie d'un revers de drap. Plein d'énergie, je tourbillone, je cours, je frotte, j'épluche, j'aère, je trie, je sors les poubelles, fais les magasins, passe voir cette amie trop longtemps délaissée et achève ma journée satisfaite, la conscience en paix, l'intérieur propre et une tarte aux pomme tiède titillant mes papilles...

Trop souvent, depuis l'arrêt du tabac, ce sont les secondes journées qui ont gagné la partie : quel plaisir à traîner quand ma rêvasserie ne peut pas s'accompagner de volutes de fumées bleues ?

Heureusement, les choses et mes humeurs rentrent petit à petit dans l'ordre, et la procrastination regagne le terrain qu'elle avait perdu...


Wild Carrot

Ce mot-là me colle à l'emploi du temps, à moi aussi. C'est cette espèce d'habitude d'arriver toujours 5 minutes en retard. Pas plus de 5, hein, mais 5 quand même.

Il parait que ça fait partie du même phénomène, le tout étant une volonté inconsciente de montrer qu'on est libre par rapport aux contraintes et obligations qui nous sont imposées.

Un façon d'être rebelle, quoi...

C'est rassurant, dit comme ça, non ? Ca fait un peu Dick Rivers, peut-ête...

Basille

WildCarrot a écrit:

Rien qu'à le prononcer, on s'arrache la gueule, celui-là.

Il est pas beau, hein ? On jurerait que c'est une le cri de celui qui s'étouffe en avalant de travers son thé au lait matinal et tente vainement de recracher des bouts de croissant sans tout à fait y parvenir.

Puis il fait mot savant, pour initiés, de ces mots dont on comprend tout de suite qu'il faut avoir fait des études supérieures pour le comprendre.

Pourtant, son sens est charmant : tendance à remettre au lendemain, à retarder sans cesse une action, un projet, une ambition. (de mémoire)

Hé bien oui, j'avoue, je suis une adepte de la procrastination. L'avenir m'appartient rarement, et je prends un plaisir pervers à remettre au surlendemain ce que je pouvais faire la veille. Je laisse traîner, j'oublie et entre la sieste et l'action, mon coeur penche systématiquement en faveur de la première.

Parfois je pousse ma perversion à l'extrême. Dès potron-minet, je planifie, je prévois les action à entreprendre, je planne et rétroplanne l'intégralité de ma journée. Le résultat est beau : efficacité, otpimisation des moyens et résultats gratifiants miroitent devant mes yeux, encore un peu bouffis de sommeil. L'oeuvre achevée, une fois sur trois une petite voix mumure à mon oreille "à quoi bon ?"

"Pourquoi s'agiter autant ? Ta couche est chaude est moelleuse, une pile de livres passionnants te fait de l'oeil du coin du lit et tu n'as pas encore fini ce délicieux riz au lait parfumé à la cardamone... Ta lessive peut attendre une semaine, il te suffira de varier - pour une fois - tes tenues. La vaisselle sera plus facile à faire, en une seule fois ce soir. Le classement de tes papiers n'a rien d'urgent et un simple empilement fera paraître ce tas rangé... Recouche-toi donc, c'est le week-end et tu as bien mérité cette journée de douce nonchalance..."

Et je cède, mi-voluptueuse, mi-honteuse, à l'appel de la flemme. Ces journées d'absolu plaisirs, où le devoir n'a pas réussi à glisser son orteil, me laissent dans un état d'esprit à la fois contrit (encore une fois, tu n'as rien fait !) et satisfait (c'est toujours ça que les productivistes n'auront pas).

Parfois, je dois l'avouer, la petite voix ne se fait pas entendre ou je la balaie d'un revers de drap. Plein d'énergie, je tourbillone, je cours, je frotte, j'épluche, j'aère, je trie, je sors les poubelles, fais les magasins, passe voir cette amie trop longtemps délaissée et achève ma journée satisfaite, la conscience en paix, l'intérieur propre et une tarte aux pomme tiède titillant mes papilles...

Trop souvent, depuis l'arrêt du tabac, ce sont les secondes journées qui ont gagné la partie : quel plaisir à traîner quand ma rêvasserie ne peut pas s'accompagner de volutes de fumées bleues ?

Heureusement, les choses et mes humeurs rentrent petit à petit dans l'ordre, et la procrastination regagne le terrain qu'elle avait perdu...


Wild Carrot

Si je comprends bien, je procastine à donf depuis plus d'un an, moi... depuis que je n'ai plus de boulot, je suis débordée dès que j'ai deux coups de fil à passer, et complètement "overbooked" lorsque j'ai un rendez-vous dans la journée.
Sinon, comment ça s'appelle quand on annule tout ce qu'on devait faire un lendemain de soirée "danse du ventre" aux "folles nuits berbères" pour cause de courbatures de la taille aux pointes de pieds ?

Sinon, comment ça s'appelle quand on annule tout ce qu'on devait faire un lendemain de soirée "danse du ventre" aux "folles nuits berbères" pour cause de courbatures de la taille aux pointes de pieds ?

La récupération.

WildCarrot a écrit:

Rien qu'à le prononcer, on s'arrache la gueule, celui-là.

Apparamment pas forcement la gueule ....

http://www.anus.com/tuc/tuc1/4.html

Et rendons hommage à Lee Morgan et son "Procastrinator".

Un must pour les amateurs de trompette jazz.