J'enchaîne sur Libé pour vous livrer une partie de l'édito de Pierre Marcelle... my beloved :
Nonobstant ces feux croisés sur notre misérable métier, depuis
jeudi, je dors mieux, je mange mieux, je bois mieux, et, pour tout
dire, je respire mieux. C'est qu'après six semaines d'une
traumatisante attente fut jeudi prononcée, par les juges très sages
de la XVIIe chambre correctionnelle du tribunal de Paris, la relaxe
de Philippe Val et de
Charlie Hebdo, dans l'affaire dite «des caricatures de
Mahomet».
Enfin, au terme d'un combat titanesque livré aux barbes
intégristes, Giordano Bruno réincarné triomphait de la calotte, et
le chevalier de La Barre écrasait l'infâme. C'est afin de très
humblement rendre grâce à son courage et à sa lucidité qu'au mitan
de ce jeudi glorieux, balayant toutes mes réticences, je me rendis
à genoux, en chemise et la corde au col, porter ma déférence dans
les locaux du confrère, où l'on conférençait de presse. Une jungle
de micros et de caméras y disait spectaculairement l'enjeu de
l'affaire ; honteusement dissimulé derrière ce rideau mouvant, je
ne parvins même pas à apercevoir l'entièreté de la tribune (je ne
saurais dire, par exemple, si le professeur Robert Redeker, du
CNRS, en était). J'entendis parfaitement, en revanche, notre
magnanime champion réitérer son offre généreuse de main tendue aux
représentants de l'entité cultuelle dite «Grande Mosquée de
France», laquelle avait deux heures auparavant annoncé son
intention,
a contrario de celle de la diabolique Union des organisations
islamiques de France, de ne pas interjeter appel de l'arrêt. J'y
attrapai au vol les bribes d'un discours où il était question d'un
«dialogue» aspirant à un
«consensus» prometteur d'universelle harmonie
interconfessionnelle.
Et comme personne, à mon entour, ne semblait s'étonner de ce
prosélytisme soudainement érigé, en place de son traditionnel
athéisme, en nouvelle ligne éditoriale du satirique hebdomadaire,
je profitai de la liesse générale pour tirer mes guêtres dans une
tangente.
Le strip-tease d'Eric Besson, suite
Je ne m'en fus pas, ce soir-là, boire sans modération au Salon
du livre s'inaugurant porte de Versailles où, comme
traditionnellement en cette saison, le vide politico-culturel
succédait au trop-plein politico-agriculturel. En fait de lecture,
je poursuivais celle du feuilleton d'Eric Besson, ex-économiste
socialiste affinant son projet présidentiel. L'homme double nous
avait dit l'autre semaine sa répugnance à voter Royal ; le mardi
suivant, il précisa sur RTL qu'il
«ne roulait strictement pour personne», et, un peu plus tard
dans la journée, sur le site du
Nouvel Observateur, que Sarkozy et Bayrou lui semblaient
«plus qualifiés» qu'elle pour l'Elysée. On avançait... J'en
conclus qu'on devrait apprendre dans les tout prochains jours pour
qui, de l'un ou de l'autre, racole Eric Besson en son excitant
teasing.
Les grandes familles
Que Pinault se paye Manaudou, c'est dans l'or, pardon, dans
l'air du temps. Révélant ce business déguisé en mécénat, le
JDD précisa que Michel Drucker l'avait accouché
(«François est un ami de vingt ans, avec qui je fais du
vélo»). C'est fou ce que ça rapproche, le vélo. Je me demande si
je ne vais pas m'y remettre, moi... Ah ! Cycler avec Sarkozy et me
payer un appart sur une île, à deux tours de roue du bois de
Boulogne...